dimanche 28 octobre 2012

[Film] Skyfall, un Bond de géant pour James


Après cinquante ans de bons et loyaux services rendus à sa majesté, James Bond en démord toujours autant. Si l'on aurait pu s'attendre à un essoufflement de la série dans cette 23è mission du plus célèbre agent secret britannique en raison de sa longévité, il n'en est rien. Avec un jeu d'acteur irréprochable, un scénario bien ficelé et un antagoniste exceptionnel, il est évident que l'agent double 0 n'en a pas fini avec le 7ème art. Le réalisateur Sam Mendes donne toutes les armes à Skyfall pour être le meilleur épisode de James Bond de ces dix dernières années, si ce n'est plus. Voyez pourquoi.
Skyfall ne déroge pas à la règle et commence sur les chapeaux de roues, à l'instar de bon nombre de ses prédécesseurs. Bond se trouve à Istanbul sur les traces d'un malfaiteur ayant dérobé un disque dur contenant les noms de tous les agents infiltrés de par le monde. A l'autre bout de l'oreillette, M fait les cent pas dans son bureau londonien  ne cessant de rappeler à Bond l'importance vitale de cette mission. S'en suit alors une course-poursuite rocambolesque comme il se doit, à l'issue de laquelle Bond est laissé pour mort par M. Plusieurs mois ont passé. Alors que 007 profite du fait d'être "mort", M doit répondre de ses actes et assiste, impuissante, à l'explosion de son bureau par un pirate informatique. Ne pouvant pas rester les bras croisés, James souhaite reprendre le service actif. Mais c'est sans compter sur les séquelles aussi bien psychologiques que physiques que lui ont laissé sa dernière mission. Inutile de dire que son sacrifice par M l'a ébranlé. Son enquête le mène jusqu'au responsable du vol du disque dur et de la destruction du MI6 : Raoul Silva, un ex-agent de M et trahit par cette dernière, ne désirant qu'une chose : se venge d'elle.

La force du film, ce qui fait de lui un des meilleurs épisodes de la saga, réside dans l'opposition Bond/Silva. Cet homme n'est autre que l'ombre de James Bond. Il incarne sa plus grande peur. Sa plus terrible hantise. Ex-agent de génie, Silva fut abandonné et vendu par M après une mission où il aurait fait trop de zèle. Ravagé par cette trahison, il ne vit désormais plus qu'en vue d'un seul but : tuer M et annihiler tout ce pour quoi elle a oeuvrée. D'un côté se trouve donc Bond, terrifié à l'idée de perdre son travail et M qu'il considère comme étant sa famille, et d'un autre, Silva, pétri de rancoeur et de ressentiments, détestant et rejetant cette même famille. Cet antagonisme va même plus loin avec 007 qui préfère les bonnes vieilles méthodes, en minimisant les gadgets, tandis que Silva, maîtrisant à la perfection l'informatique et les dernières technologies, accorde plus d'intérêt dans le "clic" d'une touche de clavier que dans celui d'une détente. Au final, chacun est l'inverse de l'autre. Face à face, ils observent en l'un et l'autre leur reflet contraire, dont M est le miroir. 
Cette brillante opposition repose qui plus est sur un jeu d'acteur de même facture. Nous y admirons donc un Daniel Craig n'ayant plus à faire ses preuves, la peau de James Bond lui allant définitivement comme un gant. Le rôle de l'agent laissé tombé par ses pairs, sombrant dans l'alcoolisme et tentant tant bien que mal de reprendre du service malgré les incidences de sa dernière mission sur son état de santé est comme qui dirait taillé pour lui. Cette énième résurrection de James Bond est de loin la meilleure. Face à lui se trouve Javier Bardem. Encore une fois, nous ne pouvons que nous incliner face à sa prestation, magistrale, il faut le reconnaître. Que ce soit en tueur sociopathe froid et brutal (No Country For Old Men) ou en ex-agent secret rongé par la vengeance, l'acteur sait revêtir moult personnalités avec brio et talent. A cela s'ajoute une M confrontée à ses fautes passées et acculée par le gouvernement britannique, une James Bond-girl envoûtante et une réalisation menée d'une main de maître. Tous les éléments pour faire de ce Skyfall un véritable joyau sont alors réunis, ne reste plus qu'à admirer le résultat.

Skyfall marque un certain renouveau pour la série. Une résurrection. Tel un phénix renaissant de ses cendres, James Bond n'en ressort que plus fort et plus accompli que jamais. Cinquante ans, c'est un beau chiffre. Un beau chiffre pour s'améliorer, changer quelques facettes, mais certainement pas pour prendre sa retraite. L'agent double 0, malgré ses déboires, ne s'essouffle en aucun cas et conserve son panache légendaire. C'est donc sans nulle difficulté que Skyfall se hisse sur le podium des meilleurs épisodes de la série. Mission accomplie.